RUTA JUSIONYTE
L’art à hauts risques de Ruta Jusionyte
Ruta Jusionyte accomplit le sacre de la nudité. Ses êtres premiers sont des trous humains. Il y a des corps dans ces creux, par où passe l’infini. La vie emplit l’étendue, et la lumière ne cesse de croître.
Ruta creuse à vif les voies de la création. Ses êtres sculptés, autrefois couleur de boue, s’approchent maintenant de la blancheur et de la paix. Ce sont des êtres déchargés de leurs peines et de lacunes. Invaincus, ils ont traversé tous les désastres, et leurs yeux sont aussi grands que leur fragilité… Avec des coulées de ciel, ils sont à portée de nos tendresses. Ruta, en sublime densité, ose réconcilier du dedans l’homme universel et son animalité.
Ses dessins sont des îles d’humanité, et des surgissements précieux. Ses peintures fouillent la vie rapprochée, les rencontres vitales, et le sacre doux des couleurs vécues. Ruta affronte la part d’ombre que l’ordre du jour n’ose affronter. Chaque œuvre est une brûlure de grands fonds. L’ironie latente, un rien caustique, donne de l’air et de la légèreté à ces convives qui se partagent la vie.
Art à hauts risques, car il n’y pas l’ombre d’un divertissement. Pas le moindre mirage de séduction, mais une insidieuse contagion, la pure présence du grand œuvre. Une compassion extrême et crue. Alchimie de la plus dure présence et de la beauté vive.
Christian Noorbergen
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